
Objection
Le pape Innocent II a enseigné qu’un prêtre pouvait être sauvé sans le sacrement du baptême par son désir de celui-ci et sa profession de la vraie foi (Denz., Éd. du Cerf, n° 741) :
« Le presbytre dont tu as dit qu'il a fini ses jours sans l'eau du baptême, nous affirmons sans hésiter que puisqu'il a persévéré dans la foi de la sainte Mère l'Église et dans la profession du nom du Christ, il a été libéré du péché originel et a obtenu la joie de la patrie céleste. Lis en outre le huitième livre De civitate Dei d'Augustin où on lit entre autres : “Le baptême est administré de façon invisible lorsque ce n'est pas le mépris de la religion mais la barrière de la nécessité qui l’exclut.” Ouvre également le livre du bienheureux Ambroise De obitu Valentiani qui affirme la même chose. Les questions s'étant donc apaisées, tiens les conceptions des Pères docteurs, et fais présenter constamment dans ton Église des prières et des offrandes pour le presbytre que tu as mentionné. » (Apostolicam Sedem) [69]
Réponse
Tout d'abord, il ne peut y avoir de prêtre n’ayant pas été baptisé. L'Église enseigne que celui qui n'a pas été baptisé ne peut pas recevoir validement le sacerdoce. Ce problème démontre à lui seul que la déclaration ci-dessus n'est pas infaillible. Deuxièmement, la date de ce document est inconnue, l'auteur est inconnu — il n’est pas du tout clair que ce fût Innocent II — et la personne à qui il est adressé est inconnue ! Un tel document pourrait-il prouver quoi que ce soit ? Non. Le fait qu’un document d'une telle authenticité douteuse ait pu trouver sa place dans le Denzinger, un manuel de déclarations dogmatiques, demeure un mystère. Ceci probablement parce que le Denzinger fut édité par Karl Rahner, un hérétique notoire, dont les penchants hérétiques le poussèrent à présenter comme magistérielle cette déclaration clairement non-magistérielle, car il croit au baptême de désir.
Pour illustrer le manque d'autorité magistérielle de la lettre ci-dessus, venant prétendument du pape Innocent II, je citerai le livre de Thomas Hutchinson, Desire and Deception (pp. 31-32) :
« Nous parlons de la lettre Apostolicam Sedem, écrite à l’instigation du pape Innocent II (1130-1143), à une date inconnue à un évêque anonyme de Crémone. Ce dernier avait écrit une requête au pape concernant le cas d’un prêtre qui serait apparemment mort sans avoir été baptisé. Bien sûr, il avait été défini que, dans un tel cas, il n’était pas prêtre, puisque le sacrement de l’ordre ne peut être conféré validement qu’aux baptisés.
— Texte de la lettre omis parce que déjà cité ci-dessus —
Or, il existe plus d’un problème lié à cette lettre. En premier lieu, elle dépend entièrement du témoignage des saints Ambroise et Augustin pour sa conclusion. Ses prémisses sont fausses, puisqu’en effet, les Pères en question n’avaient pas les opinions présentes qui leur sont imputées (auteur : comme noté, un simple énoncé sentimental spéculatif ne prouve pas qu'ils croyaient cet enseignement comme étant officiel)... Enfin, de même, se pose la question de savoir qui a écrit cette lettre. De nombreuses autorités l'attribuent à Innocent III (1198-1216). Cette question est mentionnée dans le Denzinger. De plus, il est certain que la lettre n'est pas en accord avec la totalité de ses déclarations. Dans tous les cas, un écart de 55 ans séparait les deux pontificats. Ainsi, une lettre privée de date incertaine, un auteur et un destinataire incertains, fondée sur de fausses prémisses et contredisant d’innombrables documents incontestablement valides et solennels, prétend porter le poids du Magistère sur ses épaules. Y aurait-il eu une autre doctrine concernée, que cette missive (lettre) n’aurait pas reçue de considération. Cependant, comme nous le verrons, la mystification et la tromperie font partie intégrante de l'histoire de ce thème du salut. Cette lettre a peut-être été attribuée à Innocent III en raison de sa déclaration disant que les paroles de consécration de la messe n'ont pas besoin d'être prononcés par le prêtre, mais seulement pensées intérieurement — une sorte d’Eucharistie du désir. Plus tard, saint Thomas d'Aquin le cita pour trancher sur ce point. Mais Innocent III est bien la clé pour comprendre l'enseignement original de l'Église sur ce point. Il était en son temps (comme toujours jusqu'au Second Concile plénier de Baltimore) interdit d'enterrer les non-baptisés en terre consacrée (qu’ils soient catéchumènes ou enfants de parents catholiques). Il expliqua les raisons de cette loi, et écrivit : “Il a été décrété par les sacrés canons que nous ne devons pas tenir communion avec ceux qui sont morts, si nous n’avons pas communiqué avec eux de leur vivant (Décr. III, XXVIII, xii)”. » — fin de la Transcription de Desire and Deception.
Ces considérations rejettent tout argument en faveur du baptême de désir dans cette lettre. Cette lettre, qui n’est certainement pas infaillible, pourrait en effet être un faux.
Bizarre... je ne vois aucune source d'information qui prouve que l'infirmière soit morte. Quelle est votre source d'information ? Avez-vous une preuve ?
Xstian 2 weeksLire plus...